Catégorie : Khutba

Prêche #40 « Le mois de Ramadan et la nuit du destin : sens et modalités » (Anne-Sophie Monsinay, 7 avril 2023)

Le sens spirituel du jeûne

Le jeûne renvoie à l’idée d’un retrait du monde et de notre quotidien. « Saoum » signifie « jeûner, s’abstenir, faire abstinence, chômer, se taire, se calmer ». En se privant d’un élément vital pour le corps, nous l’affaiblissons et apprenons à le maîtriser. Nous sommes moins soumis à notre corps, à ses désirs, à notre mental, à notre ego et plus en phase avec notre état divin. En délaissant notre corps, nous nous détournons de ce qui contient notre incarnation et nous ancre dans ce monde. Nous favorisons des états spirituels plus poussés et plus propices à nous relier à l’Unité. Cela ne doit être qu’occasionnel car nous sommes sur terre pour vivre notre incarnation et nous réaliser dans notre corps. Néanmoins, le jeûne est un bon outil pour développer des facultés spirituelles. Paradoxalement, ce délaissement du corps entraîne en réalité une plus grande attention à celui-ci. Nous prenons davantage conscience de notre état physique, de notre force ou faiblesse physique avant de prendre conscience de la force spirituelle prodiguée par le jeûne. Les aliments consommés au moment de la rupture du jeûne le sont avec plus de conscience et ont un effet plus immédiat et ressenti sur notre corps. Par exemple, le jeûne sera vécu avec plus de difficultés au lendemain d’un repas trop copieux ou inadapté.

Prêche #38 « Quel statut le Coran accorde-t-il aux Révélations antérieures ? » (10 février 2023, Anne-Sophie Monsinay)

En tant que dernière religion issue de la lignée Abrahamique, l’islam se place dans la continuité des révélations qui précèdent le Coran. Cette position donne au Coran un rôle de rappel et de confirmateur du message spirituel mais aussi parfois un rôle de correcteur des interprétations antérieures. Pour certains musulmans, l’arrivée de l’islam implique un changement de paradigme vis-à-vis des révélations précédentes. Dans cette conception, même si les révélations sont considérées comme authentiques (dans les faits c’est rarement le cas, nous y reviendrons), l’arrivée d’un nouveau Prophète impliquerait l’abolition des messages précédents et l’adhésion pour tous les croyants au nouveau message révélé. L’année dernière, j’avais abordé le statut des juifs et des chrétiens dans le Coran (Prêche #31). Nous allons à présent nous intéresser au statut de leurs révélations respectives. La révélation du Coran a-t-elle rendu la Bible caduque ou au contraire, la Torah et l’Evangile font-ils partis des textes sacrés des musulmans ?

Khutba #37 « Le sens du mot islam » (20 janvier 2023, Eva Janadin)

« Chères sœurs, chers frères en humanité,

À la sourate 7, verset 172, il est dit dans le Coran :

Et quand ton Enseigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Enseigneur ? » Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons. »

Nous avons ici la mention d’un pacte primordial, al-mîthâq, entre les êtres humains et Dieu. Ce pacte est conclu entre Dieu et l’humanité tout entière : quoi de plus inclusif et de plus universel comme assertion ? Ce pacte n’est pas conclu entre un seul peuple, une seule communauté et Dieu mais entre Le Très-Haut et l’ensemble des êtres humains prêts à sceller cette alliance.

Prêche #36 « Les dons de Dieu » (21 octobre 2022, Anne-Sophie Monsinay)

Le don des Révélations : don de la Torah mais pas don du Coran ?

Le terme de « don » est très fréquemment utilisé dans le Coran pour évoquer la révélation de la Torah et de l’Evangile. En revanche, pour le Coran, le mot utilisé évoque davantage une « descente » de la révélation plutôt qu’un don. Les nombreux versets traitant du processus de révélation utilisent un terme arabe issu de la racine nazala qui signifie « descendre, venir dans un lieu pour d’y fixer, s’installer, demander l’hospitalité » mais aussi « s’abaisser » avec l’idée que Dieu réduit Sa puissance pour se rendre accessible à l’être humain en rendant Sa Parole compréhensible pour lui. Cela passera bien sûr par l’emploi de la langue arabe qui a été choisi non pas parce qu’elle serait une langue plus sacrée qu’une autre ou la langue de Dieu mais parce qu’elle est une langue « claire », la langue du peuple récipiendaire de la Révélation, rendant ainsi le contenu compréhensible par tous. Cela signifie également que le contenu du Coran prend en compte les réalités contingentes, le quotidien des arabes de l’époque de la Révélation et que Dieu adapte son discours en fonction de ces événements. C’est pour cela que le Coran insiste sur la distinction à faire entre le texte révélé que nous avons aujourd’hui entre les mains et la « mère du Livre » (Oum al kitab) qui comprend l’intégralité des Paroles de Dieu dont le Coran n’est qu’une toute petite partie qui se limite à la compréhension humaine. Des vérités absolues s’y trouvent bien mais elles restent voilées et ne se révèlent qu’à ceux qui se purifient pour y accéder. Tel est le sens des versets 77 à 79 de la sourate 56 :

Prêche #35 « L’histoire du Prophète Yusuf » (30 septembre 2022, Eva Janadin)

Chères sœurs, chers frères en humanité,

J’aimerais aujourd’hui que l’on réfléchisse ensemble sur le sens de l’histoire du Prophète Yusuf dans le Coran.

Les circonstances de la révélation de la sourate

La sourate 12 du Coran, intitulée Yusuf, offre une composition littéraire originale par rapport au reste des récits prophétiques du Coran. C’est en effet le seul récit raconté en détail, de manière linéaire, du début à la fin, à la manière du récit biblique. Il s’agirait, selon la tradition, de l’unique sourate qui fut proclamée d’une seule traite à La Mecque au Prophète Muhammad.

Elle fut révélée alors que les Qurayshites se demandaient s’il fallait tuer ou exiler Muhammad. Ils testèrent le prophète en lui posant une question pour tester ses connaissances sur les révélations antérieures : « Pourquoi les Israélites allèrent en Égypte ? ». Alors pour l’aider, Dieu révéla l’histoire complète du Prophète Yusuf. La tradition estime que le premier objectif de cette sourate était de prouver la Prophète de Muhammad et de prévenir que les Qurayshites auraient la même fin que les frères de Yusuf, jaloux de leur frère jusqu’à essayer de le tuer. Ainsi, cette sourate fait mine de rappeler le sort de Yusuf, alors qu’elle ne fait que décrire en réalité l’expérience vécue à l’époque par le Prophète Muhammad lui-même.

Prêche #34 « L’excellence : commentaire de la sourate 41 versets 33 à 36 » (17 septembre 2022, Anne-Sophie Monsinay)

Et qui a une parole plus excellente que celui qui appelle à Dieu et accomplit l’œuvre intègre et dit : « Vraiment, je suis parmi ceux qui s’abandonnent. »
Or, l’excellence et le méfait ne sont pas équivalents. Affranchis-toi par ce qui est meilleur. Si alors entre toi et autrui une inimitié existait, il deviendrait tel un proche chaleureux.
Cela ne se rencontre que chez celui qui a enduré. Cela ne se rencontre que chez le détenteur d’un bonheur insigne.
Et si une suggestion maligne de Satan t’incite au mal, alors cherche refuge auprès de Dieu. Vraiment, Lui, l’Entendant, le Savant ! (Coran 41 : 33-36)

Prêche #33 Aïd el fitr « Le pardon comme vecteur de sagesse » (2 mai 2022, Omero Marongiu-Perria)

Allahu Akbar, Allahu Akbaru kabîran wa l-hamdu lillâhi kathîran wa subhâna-Llâhi bukratan wa
açîlan wa lâ hawla wa lâ quwwata illa bi-Llâh, Allâhu akbaru wa ajall, Allâhu akbaru ‘alâ mâ
hadânâ, Allâhu Akbaru lâ ilaha illa-Llâh, Allahu akbaru wa li-Llâhi l-hamd. Wa uçallî wa usallim
‘alâ sayyidinâ Muhammad, khâtimi l-anbiyâ’i wa l-mursalîna wa ‘alâ âlihi wa çahbihi ajma’în.


Dieu est plus Grand, Dieu est plus Grand en Sa Grandeur infinie, la louange infinie revient à
Dieu, qu’Il soit glorifié matin et soir, il n’existe de force et de puissance qu’en Dieu, Dieu est
plus Grand et plus à même d’être glorifié, Dieu est plus grand et nous Le remercions pour la
Guidance dont Il nous a gratifiés, Dieu est plus Grand, point de divinité si ce n’est Lui, Dieu
est plus Grand et à Lui revient la louange. Je prie et j’adresse mes salutations sur notre noble
Prophète, Muhammad, l’ultime Prophète et Messager, ainsi que sur l’ensemble de ses
compagnons.

Prêche #32 « La justice sociale dans le Coran » (18 mars 2022, Eva Janadin)

Chères sœurs, chers frères en humanité,

Les théologiens mutazilites ont été surnommés les « ahl al-‘adl wa l-tawhîd », c’est-à-dire les partisans de la Justice et de l’Unicité divine. Je ne reviendrai pas sur la question de l’Unicité aujourd’hui mais je vais m’attarder sur celle de la Justice. Cette qualité est pour les mutazilites un attribut divin. Dieu se doit d’être juste dans le Jugement dernier comme Il commande aux humains d’êtres justes envers leurs semblables. Dieu tient sa Promesse lorsqu’il dit aux humains qu’Il les jugera selon une équité parfaite dans l’Au-delà. Sans revenir sur le détail de la théologie des attributs divins et des nombreux débats qui ont opposé les acharites aux mutazilites à ce sujet, je préfère aujourd’hui m’attarder sur la Justice comme un principe de vie éthique pour les humains en vous posant la question : comment à notre échelle, en tant que créatures de Dieu, pouvons-nous nous comporter avec équité et justice envers les autres ?

Prêche #31 « Quel statut le Coran accorde-t-il aux juifs et aux chrétiens ? » (25 février 2022, Anne-Sophie Monsinay)

En tant que dernière religion issue de la lignée Abrahamique, l’islam se place dans la continuité des révélations précédentes. Cette position donne au Coran un rôle de rappel et de confirmateur du message spirituel mais aussi parfois un rôle de correcteur des interprétations antérieures. Certains musulmans ont compris cette posture de dernière religion abrahamique révélée comme la garantie de faire parti du bon groupe de croyant et d’obtenir ainsi le salut, voir d’être les seuls à l’obtenir. Par conséquent, certains pensent que cela signifierait que les messages antérieurs au Coran seraient caduques et que les juifs ou les chrétiens se seraient perdus dans de mauvaises interprétations au point de perdre leur statut de « gens du livre ». Qu’en est-il réellement ? L’islam n’invite-il qu’à être musulman ?