Principes de la mosquée Sîmorgh

Nous avons la joie de vous présenter la mosquée Sîmorgh gérée par Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay par le biais de l’association cultuelle « Voix d’un islam éclairé (V.I.E.) ».

Au-delà des grandes lignes présentées sur cette page, vous pouvez lire notre manifeste sur le lien suivant : Une mosquée mixte pour un islam spirituel et progressiste (Fondation pour l’innovation politique, février 2019).

Pour nous soutenir financièrement ou nous aider à trouver un lieu pour cette mosquée, n’hésitez pas à adhérer aux Voix d’un islam éclairé ! Nous vous remercions du fond du cœur. Que la paix soit sur vous. Salâm.

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La mosquée Sîmorgh ne s’affilie à aucune école juridique de l’islam (madhhab) mais ne vise pas non plus à en recréer une nouvelle. L’objectif est de concevoir la normativité rituelle (ʿibâdât) au-delà de la jurisprudence islamique (fiqh) et de ses catégories traditionnelles : obligatoire (fardh), interdit (harâm), autorisé (halâl), recommandé (mandûb), détestable (makrûh) et indifférent (mubâh). Ce culte musulman spirituel et progressiste n’est pas conçu dans le cadre d’une orthopraxie et d’une hétéronomie mais comme une quête de sens autonome et une exploration des significations symboliques des rites de l’islam en incitant chacune et chacun à puiser au fond de soi-même sa raison personnelle. Nous ne remettons pas en cause les normes religieuses individuelles mais la pression sociale qui trouve sa justification dans l’existence d’un corpus juridique favorable à une obligation légale homogène et valable pour toutes et tous risquant de remettre en cause la liberté de conscience du fidèle.

Le culte musulman spirituel et progressiste s’inspire des enseignements de la mystique soufie dans une démarche progressiste et non conservatrice. La mosquée Sîmorgh n’a pas vocation à devenir une zâwiya et n’est affiliée à aucune confrérie soufie (tarîqa). Le but de la démarche est d’offrir au plus grand nombre la possibilité de mener une vie spirituelle approfondie en islam.

La mosquée Sîmorgh respecte les principes suivants :

1/ Égalité des individus

Une égalité entre les genres

  • Les femmes peuvent être imames et diriger tout office, y compris celui des hommes.
  • La prière rituelle (salât) et toutes les cérémonies religieuses sont totalement mixtes, c’est-à-dire qu’aucune hiérarchie de genre n’est établie : hommes, femmes ou transgenres peuvent prier dans la même salle sans aucune séparation physique entre eux (obstacle matériel comme un rideau ou un mur) et sans aucune répartition dans la salle de prière (ni devant-derrière, ni gauche-droite).

Une égalité entre l’imame/l’imam et les fidèles

  • Les imames et les imams ont pour mission d’offrir à chaque fidèle les outils intellectuels, les connaissances et la culture spirituelle nécessaires pour reconstruire une intelligence symbolique et une pensée critique en islam.
  • Chaque sermon (khutba) est suivi d’une séance de discussions et de débats avec l’assemblée pour permettre aux fidèles d’exercer leur esprit critique, de rouvrir personnellement les portes de l’interprétation des textes (ijtihâd) et de s’entraider mutuellement dans la compréhension du Coran et l’approfondissement de leur chemin de vie spirituelle.
  • Dans leurs sermons (khutba), les imames et les imams doivent garantir la liberté de conscience du fidèle dans ses choix spirituels et doivent présenter leurs points de vue comme des éclairages particuliers, des conseils, des interprétations personnelles et non comme des vérités absolues, des obligations ou des interdictions ; cela afin d’éviter les risques du cléricalisme, du dogmatisme et de la sacralisation de la parole des ministres du culte.
  • Chaque fidèle est incité, grâce à l’enseignement qu’il trouve dans les sermons (khutba) des imames et des imams, à penser par lui-même et à devenir autonome dans sa vie spirituelle.
  • Chaque fidèle est libre, dans le respect d’autrui, d’émettre son propre avis sur ce que proposent les imames et les imams sans avoir à subir de conséquences de la part des ministres du culte et des autres fidèles ; cela afin de garantir la bienséance de la discussion.

2/ Libertés individuelles

  • Toute femme, y compris imame, est libre de porter ou non le voile qui n’est ni obligatoire, ni interdit, ni recommandé, ni déconseillé ; cela en accord avec la non-affiliation du culte spirituel et progressiste aux catégories de la jurisprudence islamique (fiqh).
  • Aucune pression ni jugement ne peuvent être émis sur la tenue vestimentaire des femmes comme celle des hommes.•
  • Aucune pression ni jugement ne peuvent être exercés sur le choix des femmes dans la pratique spirituelle lors de leurs cycles menstruels (libre à chacune de jeûner ou non, de prier ou non pendant ces périodes).

3/ Inclusivité, fraternité et sororité

  • Aucune discrimination en lien avec l’origine, la religion, le genre ou l’orientation sexuelle n’est tolérée ni dans l’accès au lieu de culte ni dans les discours prononcés dans la mosquée.
  • Les non-musulmans peuvent assister ou participer aux activités cultuelles de la mosquée.
  • Les musulmans de toute obédience peuvent accéder à la mosquée (chiites, soufis, mutazilites, ibadites, sunnites, etc.) et les discours prononcés dans le lieu de culte doivent respecter et valoriser le pluralisme théologique et cultuel de l’islam.
  • La condition de l’accès à une mosquée affiliée au culte spirituel et progressiste est une acceptation pleine et entière des principes ici présentés et de ne pas utiliser la mosquée comme un lieu de revendication d’identités sociales, politiques, communautaires ou personnelles.

4/ Francophonie

  • Les sermons doivent être entièrement prononcés en français.
  • Chaque terme arabe et chaque verset du Coran doivent être systématiquement traduits afin de garantir la compréhension du discours.
  • Les prières rituelles (salât) et les invocations (duʿâ) peuvent être prononcées en français en fonction du choix de l’imame ou de l’imam et de l’assemblée des fidèles.