Catégorie : Khutba

Prêche #50 Moïse en islam : l’archétype du cheminement initiatique (Anne-Sophie Monsinay, 2 février 2024)

Moïse est le premier Prophète à apporter une Révélation à la fois spirituelle et légiférante. Avant lui, d’autres Prophètes, comme Noé ou Joseph, avaient transmis les enseignements de Dieu et invités à l’Unicité divine mais sans fournir de Révélation. A l’exception peut-être d’Abraham dont les feuillets sont mentionnés dans le Coran et dont au moins une partie des pratiques religieuses étaient ritualisées (processions autour de la Kaaba avec Ismael). Certains juifs attribuent le Sefer Yetsirah, le « Livre de la Création » à Abraham. Il s’agit d’un texte métaphysique relatant la création du monde à travers les lettres hébraïques. Si cet ouvrage offre de nombreux enseignements sur le fonctionnement spirituel de la création, il n’établit pas de prescriptions religieuses pour une communauté. La Torah sera donc la première révélation ayant cette vocation : elle offre ainsi un cadre à la fois pratique et spirituel au peuple de Moïse. Le Coran qualifie la Torah de « Livre du discernement » offrant guidance et Lumière pour l’humanité. En cela, Moïse incarne la promesse que Dieu a faite à Abraham à travers son fils Isaac et devient ainsi une des grandes figures prophétiques aussi bien des juifs que des chrétiens et des musulmans. La Torah indique la grandeur prophétique de Moïse à travers ce verset :

Prêche #49 Coran et stoïcisme (Eva Janadin, 19 janvier 2024)

Chers sœurs, chers frères, chers amis,

C’est avec plaisir de partager avec vous ce temps de prière et de réflexion du vendredi. Que Dieu puisse nous donner la paix et la sérénité, la sagesse d’accepter les choses que l’on ne peut pas changer et le courage de changer les choses que nous pouvons changer. Puissions-nous également apprendre à connaître et à admirer avec humilité la création et les lois de l’univers.

Prêche #47 Dieu en islam : transcendance ou immanence ? (Anne-Sophie Monsinay, 17 novembre 2023)

De la transcendance à l’immanence

Tenter de définir ce qu’est Dieu peut paraître bien ambitieux et indéniablement voué à l’échec. Nos mots, notre langage humain et notre intellect limités ne peuvent qu’amener à limiter Dieu et le décrire bien en deçà de ce qu’Il est réellement. Néanmoins, nous remarquons que le Coran passe son temps à décrire Dieu. La fonction première du texte est de convaincre le peuple récipiendaire de reconnaître l’Unicité de Dieu, de croire en Dieu avant de pouvoir en témoigner (shahada) au vrai sens du terme, c’est à dire voir Dieu donc attester de Son existence avec la certitude de l’expérience spirituelle. Pour convaincre, Dieu parle de Lui, Il se décrit en permanence. Ainsi, chacun peut, selon la compréhension qu’il a de ces descriptions se faire une image, une idée de ce qu’est Dieu. Nous constatons que l’image, la vision, la conception que les musulmans ont de Dieu varie significativement selon les individus. Pour beaucoup, Dieu est transcendant, extérieur à nous, voire inaccessible. Cette grandeur et Toute Puissance de Dieu envahit parfois certains croyant d’un sentiment de crainte vis à vis de Lui. Cette crainte influe sur la relation qu’ils ont avec Dieu mais aussi sur leur raison et leur façon de pratiquer leur religion. D’autres musulmans envisagent au contraire la relation offerte par la transcendance par un lien d’amour. Les plus connus sont les soufis, les amoureux de Dieu, mais il n’y a pas que les soufis qui vivent cette relation d’amour avec Dieu. D’autres enfin ont une relation fondée sur le respect, qui n’est ni de l’Amour ni de la crainte, mais un respect mutuel entre le Créateur et sa créature. La nature de la relation que nous avons avec la transcendance dépend notamment de notre personnalité spirituelle mais aussi de l’éducation religieuse que nous avons reçue. Toujours est-il que cette nature transcendantale de Dieu est ce qui permet d’être en relation avec Lui.

Prêche #44 Fête du sacrifice (Aïd al-adha) « Le Pèlerinage à La Mecque », (Anne-Sophie Monsinay, 29 juin 2023)

Le dhikr (rappel) historique de l’islam

La fonction primordiale de toutes les pratiques religieuses est le rappel (dhikr). Cette dimension est évidente pour les pratiques dévotionnelles : la prière rituelle vise à nous rappeler dans notre temps quotidien de la Présence de Dieu ; le dhikr (répétition des Noms divins avec le chapelet) vise à nous « rappeler » de Dieu ou de la Présence des Qualités divines en nous. Les autres pratiques islamiques ne sont pas exemptes de cette vertu du rappel : l’abstinence du jeûne nous rappelle que notre subsistance dépend de Dieu, l’aumône nous rappelle que rien ne nous appartient vraiment, la contemplation de la nature nous rappelle l’origine divine de toutes formes de vie et la méditation nous rappelle l’origine de notre propre vie. Le Pèlerinage n’échappe pas à cet appel du Rappel. Le retour au Temple de Dieu qui est la Kaaba nous mettra indéniablement face à la Présence de Dieu. La sacralité du lieu ajoute au souvenir de Dieu une dimension physique et temporelle : le lieu physique s’ancre dans une histoire, dans le temps de la révélation, dans la Présence et le contexte de cette révélation coranique qui nous nourrit au quotidien. Le Pèlerinage est la pratique du retour à la Source. En cela, les pèlerinages sont des déclencheurs d’expériences spirituelles d’une puissance incomparables.

Prêche #42 « Des anges et des femmes », (Marie-Laure Bousquet, 12 mai 2023)

En janvier dernier, Louise Gallorini a présenté ici une khutba sur le thème : « Les anges en Islam » où elle disait : « La lecture du Coran aujourd’hui induit une dimension interprétative automatique puisqu’on le lit dans un espace-temps loin de son contexte initial. Notre regard construira ou reconstruira un sens et un lien entre le texte et notre contexte personnel en fonction de nos connaissances, de nos impressions, de nos émotions, de notre vécu ». Parmi les exemples é-mouvants d’un lien entre texte coranique et contexte, autrement dit d’une lecture contextualisée  par cette connaissance « située » (1), ceux dont il sera question ici portent sur la différence des sexes et la (re)-présentation du divin tels que l’on peut les méditer d’après les versets sur les anges et les femmes.

Prêche #41 Aïd el-fitr « La conscience du souffle divin qui irrigue le monde » (Omero Marongiu-Perria, 21 avril 2023)

Allahu Akbar, Allahu Akbaru kabîran wa l-hamdu lillâhi kathîran wa subhâna-Llâhi
bukratan wa açîlan wa lâ hawla wa lâ quwwata illa bi-Llâh, Allâhu akbaru wa ajall, Allâhu akbaru
‘alâ mâ hadânâ, Allâhu Akbaru lâ ilaha illa-Llâh, Allahu akbaru wa li-Llâhi l-hamd. Wa uçallî
wa usallim ‘alâ sayyidinâ Muhammad, khâtimi l-anbiyâ’i wa l-mursalîn
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Dieu est Plus-grand, en sa Grandeur infinie, la louange lui revient, qu’il soit glorifié matin et soir. Il n’existe de force et de puissance qu’en Dieu, il est plus à même d’être glorifié.
Dieu est plus grand et nous le remercions pour la guidance dont il nous a gratifiés.
Dieu est plus Grand, point de divinité si ce n’est lui. Je prie et j’adresse mes salutations sur notre noble Prophète, Muhammad, l’ultime Prophète et Messager, et j’adresse mes voeux de paix et de fraternité à l’humanité.

Prêche #40 « Le mois de Ramadan et la nuit du destin : sens et modalités » (Anne-Sophie Monsinay, 7 avril 2023)

Le sens spirituel du jeûne

Le jeûne renvoie à l’idée d’un retrait du monde et de notre quotidien. « Saoum » signifie « jeûner, s’abstenir, faire abstinence, chômer, se taire, se calmer ». En se privant d’un élément vital pour le corps, nous l’affaiblissons et apprenons à le maîtriser. Nous sommes moins soumis à notre corps, à ses désirs, à notre mental, à notre ego et plus en phase avec notre état divin. En délaissant notre corps, nous nous détournons de ce qui contient notre incarnation et nous ancre dans ce monde. Nous favorisons des états spirituels plus poussés et plus propices à nous relier à l’Unité. Cela ne doit être qu’occasionnel car nous sommes sur terre pour vivre notre incarnation et nous réaliser dans notre corps. Néanmoins, le jeûne est un bon outil pour développer des facultés spirituelles. Paradoxalement, ce délaissement du corps entraîne en réalité une plus grande attention à celui-ci. Nous prenons davantage conscience de notre état physique, de notre force ou faiblesse physique avant de prendre conscience de la force spirituelle prodiguée par le jeûne. Les aliments consommés au moment de la rupture du jeûne le sont avec plus de conscience et ont un effet plus immédiat et ressenti sur notre corps. Par exemple, le jeûne sera vécu avec plus de difficultés au lendemain d’un repas trop copieux ou inadapté.

Prêche #38 « Quel statut le Coran accorde-t-il aux Révélations antérieures ? » (10 février 2023, Anne-Sophie Monsinay)

En tant que dernière religion issue de la lignée Abrahamique, l’islam se place dans la continuité des révélations qui précèdent le Coran. Cette position donne au Coran un rôle de rappel et de confirmateur du message spirituel mais aussi parfois un rôle de correcteur des interprétations antérieures. Pour certains musulmans, l’arrivée de l’islam implique un changement de paradigme vis-à-vis des révélations précédentes. Dans cette conception, même si les révélations sont considérées comme authentiques (dans les faits c’est rarement le cas, nous y reviendrons), l’arrivée d’un nouveau Prophète impliquerait l’abolition des messages précédents et l’adhésion pour tous les croyants au nouveau message révélé. L’année dernière, j’avais abordé le statut des juifs et des chrétiens dans le Coran (Prêche #31). Nous allons à présent nous intéresser au statut de leurs révélations respectives. La révélation du Coran a-t-elle rendu la Bible caduque ou au contraire, la Torah et l’Evangile font-ils partis des textes sacrés des musulmans ?