Prêche #56 « Marie, figure prophétique entre continuité et rupture » (Marie-Laure Bousquet, 20 septembre 2024)
Dans un livre intitulé « Les femmes, l’amour et le sacré »(1), je lis cette phrase de Nadia Benjelloun tirée de son avant-propos : « La pire des contradictions que les genres ont entretenue pendant des millénaires a fait coexister la sacralisation et l’oppression de la femme pour laquelle, parfois tout en la chantant, l’homme a souvent été, et demeure encore, dans bien des sociétés, un maître ». Cette supériorité céleste / infériorité terrestre est fermement condamnée à plusieurs reprises dans le Coran. Il s’agira ici pour moi de « dé-bondieuser » Marie, c’est-à-dire de la sortir de cette logique de séparation étanche aliénante et l’inscrire dans un autre mouvement de pensée, celui de l’alliance « corps spirituel, terre céleste » pour reprendre le titre d’un des ouvrages d’Henri Corbin (2). Autrement dit une logique « imaginale », la seule, à mon sens, susceptible de la libérer de cet enfermement dans les insistances obsessionnelles sur sa « virginité », sa « perfection », sa « pureté » qui en font une non-femme réelle ou plutôt une figure maternelle soumise et passive à l’ombre d’un fils prestigieux.