Mois : avril 2020

« Islam et pandémie : contre l’obsession des rites et des normes religieuses, les vertus d’une éthique musulmane » (Eva Janadin)

« Repenser la foi à la lumière de la raison, telle est l’une des leçons que nous pourrons retenir du confinement et de cette pandémie du Covid-19. Voltaire disait avec grande justesse : « Ceux qui peuvent vous faire croire en des absurdités pourront vous faire commettre des atrocités. » Cette sagesse fait écho à un vieil adage mutazilite : « Nous rejetons la foi comme seule voie vers la religion si elle rejette la raison. » Le Covid-19 est l’occasion pour les croyants de toutes confessions de se débarrasser des superstitions qui obscurcissent le discernement. Aujourd’hui, beaucoup le font déjà et ont montré que la vie primait sur les rituels religieux en suivant majoritairement les règles sanitaires et l’un des principes coraniques : « Celui qui sauve une vie humaine, c’est comme s’il avait sauvé toute l’humanité. » (Coran 5 : 32)

« Le sens et les modalités du jeûne du mois de Ramadan » (Anne-Sophie Monsinay)

Le sens spirituel du jeûne

Le jeûne renvoie à l’idée d’un retrait du monde et de notre quotidien. « Saoum » signifie « jeûner, s’abstenir, faire abstinence, chômer, se taire, se calmer ». En se privant d’un élément vital pour le corps, nous l’affaiblissons et apprenons à le maîtriser. Nous sommes moins soumis à notre corps, à ses désirs, à notre mental, à notre ego et plus en phase avec notre état divin. En délaissant notre corps, nous nous détournons de ce qui contient notre incarnation et nous ancre dans ce monde. Nous favorisons des états spirituels plus poussés et plus propices à nous relier à l’Unité. Cela ne doit être qu’occasionnel car nous sommes sur terre pour vivre notre incarnation et nous réaliser dans notre corps. Néanmoins, le jeûne est un bon outil pour développer des facultés spirituelles. Paradoxalement, ce délaissement du corps entraîne en réalité une plus grande attention à celui-ci. Nous prenons davantage conscience de notre état physique, de notre force ou faiblesse physique avant de prendre conscience de la force spirituelle prodiguée par le jeûne. Les aliments consommés au moment de la rupture du jeûne le sont avec plus de conscience et ont un effet plus immédiat et ressenti sur notre corps. Par exemple, le jeûne sera vécu avec plus de difficultés au lendemain d’un repas trop copieux ou inadapté.

Prêche #11 « Renoncer pour être délivré » (Omero Marongiu-Perria, 17 avril 2020)

« La louange revient à Dieu, l’Unique, le Vivant et l’Incommensurable.

Unique, il l’est à double titre ou selon deux approches : la première, qualifiée en arabe d’al-ahadiyya, dérivé du nom divin al-Ahad, exprime l’unité intrinsèque de l’être divin, en Son essence absolue, pure, indivisible et sans équivalent, puisqu’« Il était alors que rien n’était avec Lui », selon le propos divin que le Prophète, paix sur lui, a rapporté de son Seigneur. La seconde, qualifiée en arabe d’al-wâhidiyya, dérivé du nom divin al-wâhid, renvoie à l’expression de cette unité dans la diversité ; unité des noms et des attributs divins, tout d’abord, car ils sont l’émanation de l’essence divine unique, et expression de cette unité dans la diversité du monde puisque, en définitive, notre méditation sur le monde et sur nous même nous amène progressivement à comprendre que Dieu est l’unique réalité tangible, comme nous l’indique ce passage coranique :

« Eva Janadin, une imame qui trace une voie nouvelle ! » (L’accueil radical, 14 avril 2020)

« Eva Janadin termine un doctorat en histoire tout en enseignant. Lors de nos rencontres, que ce soit à la radio RCF-Alsace (lien actuellement indisponible) ou à la paroisse Saint-Guillaume de Strasbourg, j’ai été frappée à chaque fois par la clarté de ses propos mais aussi par sa présence rassurante et sa profonde authenticité. Eva, aux côtés d’Anne-Sophie Monsinay, renouvelle notre compréhension de l’islam, de son herméneutique et de son actualisation. C’est une vraie bénédiction de la connaître.