Prêche #11 « Renoncer pour être délivré » (Omero Marongiu-Perria, 17 avril 2020)

« La louange revient à Dieu, l’Unique, le Vivant et l’Incommensurable.

Unique, il l’est à double titre ou selon deux approches : la première, qualifiée en arabe d’al-ahadiyya, dérivé du nom divin al-Ahad, exprime l’unité intrinsèque de l’être divin, en Son essence absolue, pure, indivisible et sans équivalent, puisqu’« Il était alors que rien n’était avec Lui », selon le propos divin que le Prophète, paix sur lui, a rapporté de son Seigneur. La seconde, qualifiée en arabe d’al-wâhidiyya, dérivé du nom divin al-wâhid, renvoie à l’expression de cette unité dans la diversité ; unité des noms et des attributs divins, tout d’abord, car ils sont l’émanation de l’essence divine unique, et expression de cette unité dans la diversité du monde puisque, en définitive, notre méditation sur le monde et sur nous même nous amène progressivement à comprendre que Dieu est l’unique réalité tangible, comme nous l’indique ce passage coranique :

Nous leur montrerons Nos signes aux horizons et en eux-mêmes jusqu’à ce qu’il leur devienne évident qu’Il est, certainement, la Réalité – al-haqq. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit Témoin de toute chose ? (Coran 41, 53)

Cette dimension de l’unicité nous est accessible par la voie de la méditation profonde sur la création et sur nous-même, afin d’élever notre niveau de conscience et de dépasser l’« écorce » du monde créé pour y percevoir le noyau de l’unicité. Encore faut-il que nous puissions dépasser notre identification au corps, à la dimension matérielle de la vie, de notre existence, pour pénétrer au plus profond de notre intériorité et y laisser émerger l’orientation fondamentale vers l’unité du soi et du monde et vers l’unicité divine. Car il y a ici une subtilité dont il faut tenir compte dans le cheminement spirituel : l’acte de créer est exprimé, en arabe, par le verbe khalaqa et la création, al-khalq, ramené au niveau de l’être humain, se décline en deux aspects : le premier, al-khilqa, désigne l’aspect extérieur ou l’enveloppe corporelle, premier lieu d’identification de l’être qui se reconnait et qui a conscience de soi d’un simple regard dans le miroir. Le deuxième aspect, al-khuluq, désigne pour sa part l’intériorité, ce qui émane des profondeurs de l’être en termes de caractère, d’attitude et de mœurs.

La subtilité de la racine kh-l-q est renforcée par la dialectique de ses significations qui met en tension le caractère éphémère du monde et la beauté de l’orientation vers le divin. En effet, le terme arabe khalaq, à peine différent du terme khalq par la voyelle « a », ou fatha, qui surplombe le lam, signifie littéralement ce qui est abîmé, usé, détérioré, indiquant par-là que toute création, comme toute naissance, en ce bas-monde, est vouée à disparaître et à sombrer dans les confins de l’oubli. Mais voici que le verbe dérivé khallaqa, qui se caractérise cette-fois par une accentuation de la consonne lam, donnant le nom actif takhlîq, vient apporter une touche de beauté et de fraîcheur en ce monde éphémère puisqu’il signifie, littéralement, parfumer ou embaumer. Il nous appartient donc de vivifier notre conscience en cherchant le parfum divin qui viendra embaumer notre caractère et parfaire notre cheminement vers l’unité de l’être et vers l’unicité.

Je prie sur notre noble Prophète Muhammad et j’appelle sur lui le salut, en respect de la recommandation coranique :

Dieu et ses anges bénissent le Prophète. Ô, vous qui croyez ! priez sur lui et appelez sur lui le salut. (Coran 33, 56)

Il n’est pas simplement prophète, il incarne l’exemple parfait de la Réalité accomplie en ce bas-monde, telle que la transcrit l’expression arabe al-haqîqa al-muhammadiyya, la vérité ou la réalité muhammadienne. Si « Dieu créa Adam à son image » et « sous sa forme achevée », selon les deux interprétations que l’on peut faire du propos qui nous est rapporté dans le recueil d’al-Bukhârî : « khalaqa-Llah Âdam ‘alâ sûratih », il a désigné Muhammad comme prophète alors qu’Adam était entre l’esprit et le corps (1 : Cf. la tradition prophétique : « J’étais [désigné par Dieu comme] prophète alors qu’Adam était entre l’esprit et le corps », rapportée dans les recueils d’al-Tirmidhî et d’Ahmed Ibn Hanbal), puis il lui a octroyé le sceau de la prophétie. Par ses qualités, Muhammad est le vecteur premier et la manifestation la plus achevée de l’incarnation de l’unicité dans le monde. Le Coran résume cela en une phrase lapidaire au sens profond : « Et, très certainement, tu es d’un caractère sublime », « Wa innaka la’alâ khuluqin ‘azhîm » ; on retrouve ici le fameux khuluq, cette « condition morale éminente » comme la qualifie Régis Blachère dans sa traduction du passage.

Ceci étant dit, suivre le modèle du Prophète nécessite, pour le musulman contemporain, d’opérer une véritable révolution copernicienne sur la façon dont il perçoit la personnalité de celui qui incarne la plénitude de l’accomplissement en ce monde. Les premières compilations de la vie et des hauts faits de Muhammad, qui voient le jour assez rapidement dans le contexte de l’empire omeyyade, mais surtout au début de l’empire abbasside, dressent en effet de lui le portrait d’un conquérant. Rejeté par le siens, exclu de la Mecque, il semble occuper l’essentiel de son temps, à Médine, à dresser ses plans pour livrer des batailles incessantes contre des Mecquois qui cherchent à tout prix à éliminer la communauté de foi naissante de la surface de la Terre. Parmi ces compilations, celle d’Ibn Hicham, qui date du début du IIIe s. de l’Hégire, va instiller dans les esprits musulmans, depuis leur plus jeune âge, cette idée d’un prophète conquérant venu apporter la victoire à une religion conquérante, pour des fidèles conquérants.

Or, le prophète est avant tout et par-dessus tout celui qui a fait œuvre de renoncement : dès son jeûne âge, il renonce aux traditions religieuses de ses ancêtres pour s’orienter vers la voie des hunafâ. Le terme est le pluriel de hanîf, mot faisant partie des vocables arabes possédant deux sens opposés mais qui, dans les faits, sont complémentaires : la racine verbale h, n, m, qui donne le verbe hanafa ou hanifa, signifie en effet « marcher en titubant parce qu’on a les jambes écarquillées ou difformes » et l’on désigne l’individu atteint par ce défaut physique ahnaf. Mais le verbe est également employé pour décrire l’individu, nommé hanîf, qui s’écarte du mal pour s’orienter vers le bien. L’historiographie musulmane mentionne plusieurs personnages qui professaient, avant la révélation coranique, un culte monothéiste en le faisant remonter à Abraham. Le Coran s’en fait d’ailleurs l’écho en mentionnant :

Abraham n’était ni juif, ni chrétien, mais un pur monothéiste (hanîf) qui s’est remis en totalité à Dieu (muslim). Et Il n’était pas du nombre de ceux qui associent. (Coran 3, 67)

C’est ce même Abraham qui a renoncé à toutes les prérogatives dont il aurait pu jouir, au sein de sa société, notamment par le métier de son père, tailleur d’idoles, pour se diriger en totalité vers l’unicité.

Lorsqu’il est appelé à la prophétie, Muhammad poursuit son chemin de renoncement ; il refuse les honneurs, les gratifications, le pouvoir, l’argent, et toutes les prérogatives que lui promettent les polythéistes mecquois afin qu’il cesse son attitude de subversion. Car c’est bien là le fond du problème, il est à la fois très ancien et éminemment contemporain. En effet, à partir du moment où l’on s’oriente vers la voie de l’unicité, le corps, l’esprit et l’âme se vident progressivement des penchants naturels qui, par une sorte de force d’attraction, attirent l’humain vers le monde des contingences matérielles dans lesquelles il risque de perdre son orientement. Par effet concomitant, au fur et à mesure du cheminement, cet humain s’abreuve à la source de l’unicité qui l’emplit jusqu’à ce qu’il devienne l’une de ses incarnations dans la création.

C’est par cette attitude que le cheminant devient un être subversif ; il est à la fois admiré et honni, les gens aimeraient le suivre, profiter de ses bénédictions, mais il met tout-un-chacun face à sa propre réalité, face à ses contradictions, face à ses abandons. La route qui mène à la délivrance est longue, mais ce qui compte ce n’est pas la destination en soi mais le fait d’être sur le chemin.

‘Umar décrit un aspect du renoncement du Prophète de la façon suivante :

Je me suis rendu dans la pièce d’habitation du Prophète durant une période au cours de laquelle il s’était isolé de ses proches. J’ai scruté la pièce, elle était totalement vide, si ce n’est une peau de bête étalée au sol, remplie de sel pour être tannée et dont l’odeur avait envahi l’espace. Je lui ai dit : “Oh, Messager de Dieu ! Tu es son Messager et la meilleure de ses créatures, [tu vis dans ces conditions] alors que Khosroès et César vivent dans le brocart et la soie ?” Le Prophète s’est redressé pour s’asseoir et il m’a dit : “Aurais-tu des doutes Oh fils d’al-Khattâb ? Tu me compares à des gens dont l’accès aux bonnes choses leur a été accélérée en ce bas-monde.” Je lui ai répondu : “Pardonne-moi” et il dit : “Seigneur, pardonne-lui ”. (Al-Nawawî, Çahîh Muslim, op. cit., tome 10, chapitre du divorce, hadith n° 1479, p 82)

Muhammad, le sceau des Prophètes, quittera ce bas-monde sans-le-sou, pour reprendre une expression usitée dans notre langage coutumier, il ne verra pas l’adhésion progressive de tribus et de peuples arabes à l’islam, a fortiori des peuples non arabes. Il a incarné, et cela a suffi. J’ai employé le terme français de « renoncement » pour transcrire le vocable arabe de zuhd, terme bien connu des soufis puisqu’il va devenir la pierre angulaire comme le socle de base du cheminement spirituel. Car on ne peut pas s’abreuver à la source de l’unicité si l’on n’est pas vide de tout ce qui nous porte vers les contingences matérielles, et l’on ne peut pas s’extirper de ces contingences si l’on n’y renonce pas. Mais il faut ôter ici une confusion ; le but, dans le cheminement, n’est pas de vivre comme un va-nu-pieds, mais de développer une conscience pour renforcer le corps, éduquer le cœur et purifier l’être. Mais qu’est-ce qu’un être purifié ? À ce stade de mon sermon, permettez-moi de m’effacer pour laisser place à Abû ‘Abd al-Rahmân al-Sulamî, illustre soufi de la fin du Xe s., afin qu’il nous expose les hautes sphères de l’ascèse spirituelle :

[Cependant, dans la démarche soufie, au delà de la volonté, l’évolution vers] les stations spirituelles débute par le fait qu’il doit [justement] délaisser toute la volonté [d’agir] à laquelle l’âme s’est accoutumée pour [acquérir] les biens contingents de ce monde ; il se dépouille donc en totalité de ce monde si bien qu’il ne s’appuie plus sur le connu – ma’lûm – [du monde apparent], comme il ne se réjouit pas de ce qu’il possède et il n’est pas triste de ce qu’il a pu perdre : pour lui, l’existence de ce monde est pareil à sa non-existence, car il n’était point et bientôt il ne sera plus.

[Dans cette perspective], on trouve trois catégories d’« aspirants » – murîdûn – : le premier aspire à Dieu pour lui-même et le signe de sa démarche réside dans son attitude faite de désir – raghba – et de crainte – rahba – ; le second aspire à Dieu et le signe de sa démarche réside dans le fait de ne chercher aucune compensation mais plutôt dans la joie d’exécuter les commandements divins ; le troisième aspire à Dieu en se mettant totalement en sa gouverne – tafwîdh -, il ne désire que ce que [Dieu] désire pour lui et il ne se place dans aucune station – hâl -, état – maqâm – ou lieu – mahall – spirituels car il les surplombe. Cette dernière attitude est celle des prophètes, que les bénédictions de Dieu soient sur eux et des plus grands saints ; n’as-tu pas vu cette expression du prophète (pbsl) : « [Seigneur,] je t’ai soumis mon âme et j’ai remis l’ensemble des affaires me concernant en Ta gouverne » ? Il a délaissé tout ce qui est [dans les apparences] en sa possession pour le remettre entre les mains de Celui qui possède le commandement – al-amr – et qui l’administre en chaque instant. (Abû ‘Abd al-Rahmân Muhammad Ibn al-Husayn Ibn Mûsâ al-Sulamî (937 ou 942 – 1021), Manâhij al-’ârifîn (Les voies des gnostiques). Cf. al-Sulamî, Tis’at kutub fî uçûl al-taçawwuf wa l-zuhd (Neuf livres sur les fondements du soufisme et du renoncement), éditions al-Nâchir, 1993, pp. 143-148)

Ibn Mâjâ, l’un des grands traditionnistes auteurs de sunan, rapporte d’après Sahl Ibn Sâ’idî :

Un individu vint questionner le Prophète en ces termes : “Ô Messager de Dieu, indique-moi une action qui me fasse gagner l’amour de Dieu et l’amour des gens.” Le Prophète lui répondit : “Renonce à ce bas-monde et Dieu t’aimera, renonce à convoiter ce que les gens possèdent et les gens t’aimeront”.

Le terme employé par le Prophète, dans son propos, est izhad, dans le sens de « renoncer à convoiter ». Là encore, il ne s’agit pas de faire vœu de pauvreté ou d’abstinence totale, mais de comprendre que seul un cœur vide peut accueillir la Lumière divine.

Tout ce que je viens de vous exposer, en période de pandémie due au covid-19 et au seuil du mois de ramadan, appelle au moins deux questions : la première est de quoi avons-nous besoin pour vivre une vie bonne, saine pour notre corps et notre esprit ? De moyens matériels, certes, mais quel sens donnons-nous à notre vie actuelle ? Quel sens donnons-nous à notre modèle de développement collectif ? Quel sens donnons-nous à notre façon d’exploiter notre environnement ? Il appartient à chacun de déterminer en quoi consiste, pour lui, la vie bonne et saine, qui lui permet de trouver le fil conducteur qui le conduit à l’unicité.

La deuxième question est celle de l’orientation, entendons-nous l’appel de l’unicité ? Avons-nous réellement pris la décision de tourner notre regard en sa direction ? Avons-nous posé le pied sur le chemin ? Le Coran, dans la sourate les bestiaux, prête à Abraham cette attitude au sein de ses concitoyens : après avoir observé les étoiles, la lune et le soleil, il leur indique que leur grandeur et leur magnificence ne les prive pas d’être partie prenante du monde des contingences. Alors, il conclut son propos en proclamant :

Je tourne mon visage vers Celui qui a créé – litt. fendu – les cieux et la terre, en toute exclusivité – ou en pur monothéiste, hanîfan – et je ne suis pas de ceux qui lui associent [d’autres divinités]. (Coran 6, 79)

J’ai dit ce que j’avais à partager avec vous, et je vous invite à retourner vers Dieu par la méditation, prenons donc quelques instants de recueil.

J’adresse mes louanges à Dieu, je prie sur notre noble Prophète et j’appelle sur lui le salut.

Dans cette seconde partie de mon prêche, je voudrais partager avec vous une invocation que j’ai écrite, au début de ce mois, sous forme d’une poésie en alexandrins. Des amis, croyants ou non, musulmans et membres d’autres confessions religieuses, ont perdu des proches ou des amis. J’ai voulu faire honneur à leur patience et à leur endurance dans cette épreuve en appelant la bonté de l’Éternel en ces termes :

Seigneur, Dieu de Bonté et de Miséricorde,
Toi qui es Amour et pitié, Toi qui commandes
La marche du monde en son début et sa fin
Nous te prions pour les malades, les défunts ;

Ta miséricorde j’implore et Ton secours,
Je m’en remets à Toi, le Très-Haut, en ce jour,
Je m’adresse à Toi par les noms qui t’appartiennent,
Et qui m’accompagnent dans la vie quotidienne,

Car Tu es le Maître du Trône prestigieux,
Le Vivant, le Proche, le Pur et le Gracieux,
Tu es le Juste et Tu invites à la Paix,
À prodiguer les actes bons et le respect.

Seigneur nous T’implorons contre l’épidémie
Qui touche nos proches ainsi que nos amis,
La maladie atteint certains et les emporte
Nous Te prions, Seigneur, pour les personnes mortes ;

Combien de familles n’ont pu accompagner
Les leurs, d’un dernier geste ils n’ont pu témoigner.
Apaise leur douleur, Seigneur, Toi l’Accueillant,
Accorde Ta Grâce aux défunts comme aux vivants,

Les absents ont rejoint l’éternelle abondance
Et Tu n’as nul besoin de les mettre au supplice,
Accueille-les, Seigneur, dans l’Amour infini,
Et jamais ne délaisse un présent démuni

Toi, le Dieu des âmes et le Dieu des mortels,
Tu les invites tous à la vie éternelle,
Quand bien même l’humain accapare Ton Nom
En prétendant juger la valeur des actions.

Mon Dieu qui dispense sans compter Son Amour,
Nous implorons Ta Grâce, apporte Ton secours,
Que nul ne soit soumis aux affres des tourments
Dans sa chair, son âme, Toi qui es si Clément ;

Seigneur, Toi le Puissant qui dissipe la peur,
Éloigne la tristesse et sauve-nous Sauveur ;
Que demain augure la fin de nos soucis,
Pour ouvrir la page nouvelle d’un récit.

Que Ta Parole qui se déploie dans le monde
Soit le printemps des cœurs pour une vie féconde
Et un départ en Paix, la tristesse envolée,
L’âme accueillie dans la Lumière immaculée. »

  • Harb Ghizlane

    Merci infiniment pour ce prêche et cette belle prière. Merci de nous enrichir et de nous permettre de nous élever. Jazaka Allah khayrane.

  • Bruno Vuillaume

    bonjour , merci pour ce prêche : je connais assez bien la spiritualité musulmane et soufi , mais je butte toujours sur ces présentations idéalisées, mysticisées du Prophète , vous dites : <> 1° question : d'où vient , sur quelle bases coraniques , peut-on baser ces images mystiques (certains pourraient dire mystifiées !) du prophète . le Coran n'insiste -il pas pour rappeler son humanité, et même sa peccabilité . vous citez un verset (référence ?) : « Wa innaka la’alâ khuluqin ‘azhîm » ; on retrouve ici le fameux khuluq, cette « condition morale éminente » . Mais cela suffit-il a en faire une réalité métaphysique , la Réalité muhammadienne ou la Lumière muhammadienne ? je pense que cette Réalité et/ou Lumière muhammadienne n'ont pas grand chose à voir avec la réalité de la vie historique de Muhammad ! je comprends mieux si on dit plus sobrement "Lumière prophétique" ou "Réalité prophétique" qui déborde largement , mais englobe, le cas du prophète Muhammad. 2° question : Est-ce que cette exaltation , exhaussement , mystique et transcendantal du Prophète dans la tradition mystique musulmane ne sont pas une élaboration en miroir de la mystique chrétienne du Christ , basé sur sa Résurrection des morts , accomplissement de l'humain et plérome cosmique(plénitude) . cf. les écrits de l'Apôtre Paul et de l'évangéliste Jean ,qui font partie des bases scripturaires du christianisme. (avant la fin du 1° siècle de l'ère chrétienne). Je comprends tout à fait votre invitation à la révolution copernicienne concernant la compréhension de la figure du Prophète , mais la figure mystique/mystifiante est-elle plus ancrée dans le réel/le Réel que la figure politique ? et en définitive cette question muhammadienne est-elle si centrale dans la révélation coranique qui centre tout sur Dieu l'Unique ? merci de votre attention .

    • Omero Marongiu

      Bonjour, merci pour votre commentaire. Tout réside dans la façon dont on envisage la personne du Prophète. Sur le plan historique, vous avez parfaitement raison ; du peu que l'on connaît du Muhammad historique, la perspective cosmique ouverte par les soufis procède d'une totale reconstruction du personnage. Mais ce n'est pas ce qui l'intéresse ici, car la critique est valable pour tout processus de "mythification" des grands personnages historiques. On peut en effet tout à fait s'arrêter à cette dimension historique, voir dans le Prophète avant tout un simple transmetteur et centrer sa démarche en se centrant uniquement sur Dieu l'Unique. C'est une possibilité parmi tous les autres chemins possibles. Pour ma part, je tente d'investir un champ ouvert par les soufis qui, très certainement, ont eux-mêmes réinvesti un champ et un lexique propres à la christologie et à la mystique chrétienne, pour renouveler le regard qu'un musulman peut porter sur le patrimoine historique et mystique musulman. Dans ce cadre, on peut parler de figure achevée, ou de plénitude de ce que l'humain peut réaliser en terme de cheminement vers l'Unicité, à travers l'exemple offert par Muhammad. C'est un réinvestissement très subjectif qui peut tout à fait ne pas faire sens pour certains musulmans, encore une fois tout dépend de où l'on place le curseur : un Prophète simple transmetteur, un Prophète comme modèle de vertu, un Prophète comme être humain parachevé par Dieu, etc. Bien à vous

  • PATRICK_SALEM

    TRES BEAU MESSAGE D ' UNE GRANDE SAGESSE ET SUBTILITÉ....